Inespérée.
C'était le seul qualificatif que trouvait Luc pour exprimer sa chance, maîtrisant son émotion pour ne pas sauter dans tous les sens de joie à l'idée de devenir propriétaire du petit paradis. Une maison vaste, en bon état, située à un kilomètre du voisin le plus proche et, surtout, en bord de mer. Le havre de paix dont Luc avait toujours rêvé, et à portée de ses maigres économies.
- " Alors, vous la prenez ? s’enquit doucement l'agent immobilier, un sourire confiant comme sculpté sur son visage ravagé par les rides. "
Luc plongea son regard dans celui du mandataire, souriant comme un enfant devant un sac de bonbons :
- " Et comment ! "
Des fois, la vie vous sourit. Un point c'est tout. D'un coup, comme ça, elle s'entiche de vous et semble chuchoter au reste de l'univers ses instructions pour vous offrir vos rêves sur un plateau doré. A coup sûr, Luc Myers lui avait tapé dans l'œil, à la vie. D'abord, il avait eu vent de l'annonce par hasard, de la bouche même de ce bon vieux propriétaire de la Bouteille à la mer, lors d'un week-end solitaire à St Aubin sur mer. Ensuite, il s'était avéré qu'il était le premier à y répondre. Enfin, la vieille bicoque s'était révélée tout à fait dans ses prix, ce qui n'était pourtant pas le cas de la majorité des plus petits et mal situés une-pièce parisiens. Une vaine de cocu, quoi.
Sauf que Luc était célibataire. Qu'à vingt-cinq ans, fraîchement diplômé d'un titre de psychologue, avec toutes les économies amassées au cours de ses longues années universitaires, grâce à un travail de nuit comme vigile, il venait de réaliser son rêve : une maison agréable, sur la côte normande, et de quoi y vivre confortablement sans travailler pendant un an. Enfin, il allait pouvoir s'atteler à un projet qu'il avait à cœur depuis nombre d'années : écrire son premier roman.
C'était plus ou moins à toutes ces choses que le jeune homme réfléchissait tandis qu'il garait enfin sa vieille Fiat rouillée devant sa nouvelle demeure. Il coupa le contact et s'extirpa maladroitement de son vétuste moyen de locomotion, demeurant debout sur le sable, face à la vieille bicoque.
Le vieux bonhomme qui la lui avait vendue, un pêcheur retraité, lui avait dit qu'elle avait été construite près d'un siècle plus tôt. Pour sûr, on en faisait plus des comme ça. C'était une bâtisse immense, de trois étages, avec un toit d'ardoises d'origine que - le vieux pêcheur l'avait prévenu - il lui faudrait sans doute rafistoler ici et là. Mais, dans l'ensemble, la demeure était en bon état. Ses anciens parquets de chêne craquaient sous les pas, comme dans le plus kitsch des films d'horreur. Mais ils semblaient fiables, tout comme les murs de pierres massifs, recouverts de lierres. Oui, songea Luc. C'est l'endroit dont j'ai toujours rêvé. Il sera mon havre de paix, mon sanctuaire. Et, sur cette note d'optimisme épique, le jeune homme pénétra chez lui.
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