Seth Messenger : Citations de Jill Bolte Taylor

Jill Bolte Taylor a dit :

(Langue maternelle)
Jill Bolte Taylor
(Citations)
#37638
Le système limbique colore d'un état affectif particulier les informations que nous transmettent nos sens. Comme il existe aussi chez d'autres créatures moins évoluées, il arrive qu'on le désigne sous le nom de « cerveau reptilien » ou « cerveau primitif ». Quand nous venons au monde, les cellules de notre système limbique se connectent les unes aux autres en réaction à certains stimuli sensoriels. Il n'est pas anodin de noter que notre système limbique n'évolue ensuite pratiquement plus jusqu'à la fin de nos jours. Voilà pourquoi, même à l'âge adulte, il nous arrive encore de réagir à telle ou telle situation comme lorsque nous avions deux ans.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37639
Il convient ici de souligner que les méthodes d'apprentissage scolaire qui tiennent compte du fonctionnement de notre cerveau s'appuient en réalité sur ce que les neurobiologistes ont compris du système limbique. Il s'agit de créer dans les salles de classe un environnement rassurant et familier dans lequel l'amygdale ne déclenchera aucune réaction de peur ni de colère. Le rôle de l'amygdale consiste à passer en revue les stimuli extérieurs qui lui parviennent en permanence afin de déterminer le niveau de sécurité de la situation présente. La circonvolution cingulaire du système limbique nous permet quant à elle de concentrer notre attention. Quand les stimuli extérieurs ne présentent aucune anomalie, l'amygdale n'a aucune raison de s'affoler. L'hippocampe voisine emmagasine alors de nouvelles connaissances sans trop de difficultés. Toutefois, dès que des stimuli inhabituels ou menaçants parviennent à notre amygdale, notre anxiété augmente et nous ne pensons plus qu'à nous protéger, au détriment des facultés de mémorisation de notre hippocampe.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37640
Notre système limbique décortique en permanence les informations que nous transmettent nos sens. Lorsque notre cortex cérébral reçoit un message en vue d'une réflexion approfondie, nous lui avons déjà associé un « sentiment » ; de la peine ou du plaisir, par exemple. Bien que beaucoup d'entre nous se plaisent à se considérer comme des créatures pensantes douées de sentiment, d'un point de vue biologique, nous sommes plutôt, et à l'inverse, des créatures sensibles capables de penser.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37641
A partir du moment où mon hémisphère gauche a repris du poil de la bête, il m'a semblé naturel d'accuser les autres, ou tout simplement la force des choses, de mon humeur. Je sais cependant que personne ne peut m'obliger à ressentir quoi que ce soit, excepté moi-même. Rien d'extérieur à ma conscience n'a le pouvoir de m'ôter ma tranquillité d'esprit. Celle-ci ne dépend que de moi. Loin de moi la prétention de contrôler tout ce qui m'arrive ! Il n'empêche que c'est à moi et moi seule de décider du regard que je porte sur mon expérience.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37642
Il a fallu que je parcoure cinq kilomètres d'affilée plusieurs fois par semaine en portant des poids pendant quatre ans avant de retrouver une démarche souple et naturelle.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37643
L'année suivante, la huitième après mon traumatisme, ma perception de mon corps a changé : je ne me sentais dorénavant plus fluide mais solide. J'ai commencé à faire du ski nautique : réclamer à mon organisme un effort à la limite de ses capacités m'a permis de consolider l'emprise de mon esprit sur mon corps. Je dois avouer que, malgré ma joie de me sentir à nouveau solide, cela me manque de ne plus me percevoir comme un fluide et de ne plus me rappeler sans cesse que nous ne formons qu'un avec le reste de l'univers.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37699
Plus nous mobilisons les réseaux de neurones qui suscitent en nous sérénité et sympathie pour autrui, plus notre entourage le ressentira et plus la paix s'étendra, par contagion, si je puis dire, sur notre planète. Une connaissance plus pointue du type d'informations traité par chaque moitié de notre cerveau nous rendra plus aptes à définir notre comportement en tant qu'individus, d'une part, mais surtout en tant que membres de l'immense famille humaine.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37700
Des moines tibétains et des sœurs franciscaines ont été invités à méditer ou prier dans l'appareil d'imagerie cérébrale puis à tirer sur une cordelette quand ils se sentaient au plus proche de Dieu ou au plus haut degré de leur méditation. Des modifications de leur activité neurologique dans certaines régions spécifiques de leur cerveau ont été observées à ce moment-là. Les centres du langage de leur hémisphère gauche ont cessé de fonctionner et la petite voix qui babillait d'ordinaire en eux s'est tue. Leur aire associative pour l'orientation s'est mise en veilleuse dans la circonvolution pariétale de leur hémisphère gauche, la région du cerveau qui nous permet de nous représenter dans l'espace. Quand celle-ci ralentit son activité ou que notre système sensoriel ne lui envoie plus d'informations, nous ne savons plus où commence ni où finit notre corps, qui tend à se confondre pour nous avec notre environnement immédiat. Je comprends mieux maintenant pourquoi, quand les centres du langage de mon hémisphère gauche ont été réduits au silence et que les informations en provenance de mes sens ont cessé de parvenir à mon aire associative pour l'orientation, j'ai connu un nouvel état de conscience en me percevant comme un fluide indissociable du reste de l'univers.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37704
Hélas ! la compassion n'a pas souvent voix au chapitre dans nos sociétés. Beaucoup d'entre nous passent un temps fou (et gaspillent énormément d'énergie) à dévaloriser ou critiquer les autres (ou, pire encore, eux-mêmes !). Quand nous nous accablons de reproches, nous devrions nous demander qui, au fond de nous, nous houspille et sur qui pleu-vent nos récriminations. Avez-vous déjà remarqué la fâcheuse tendance des pensées négatives à redoubler notre hostilité envers nous-même ou notre anxiété ? Et l'influence pernicieuse de notre monologue intérieur sur nos relations avec nos proches et les réactions que nous suscitons en eux ?

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37705
En tant que créatures biologiques, nous disposons d'une emprise extraordinaire sur nous-mêmes. Nos neurones communiquent entre eux en fonction de circuits établis, ce qui rend au final leur activation assez prévisible. Plus nous nous concentrons sur un réseau de cellules en particulier, c'est-à-dire plus nous passons de temps à entretenir telle ou telle pensée, plus notre influx nerveux aura tendance à suivre le même parcours à l'avenir. En un sens, nos esprits ressemblent à des programmes de recherche sophistiqués qui se concentrent presque exclusivement sur l'objet de leur quête. Si je prends plaisir à voir du rouge autour de moi, je ne tarderai pas à en repérer un peu partout. Peut-être pas tant que ça au départ mais, plus je me focaliserai sur mon envie de rouge, plus j'en distinguerai dans mon environnement.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37706
Chacun de mes deux hémisphères voit les choses sous un angle différent, éveille en moi des émotions particulières et m'incite à me comporter de telle ou telle manière. Mes amis devinent rien qu'à mon maintien ou au pli qui barre mon front quelle moitié de mon cerveau vient de prendre le pas sur l'autre. Mon hémisphère droit ne se soucie que de l'ici et maintenant. Il batifole avec un enthousiasme débridé sans s'inquiéter de quoi que ce soit. Il sourit sans cesse et se montre très amical. Mon hémisphère gauche s'attache quant à lui aux détails en organisant mon quotidien en fonction d'un emploi du temps strict. C'est mon côté le plus sérieux. C'est à cause de lui que je serre les mâchoires et que je tiens compte de mes expériences passées quand je dois prendre une décision. C'est lui aussi qui me pose des limites et juge de ce qui est bon ou pas, juste ou non. Et, j'oubliais, c'est lui aussi qui creuse ce fameux pli en travers de mon front.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37707
Mon cerveau droit se concentre sur la plénitude de l'instant présent. Il jouit de ce qui fait la richesse de ma vie au quotidien. Éternellement satisfait, il ne renonce jamais à son optimisme. Il ne juge pas en termes de bien ni de mal ; tout existe de son point de vue dans un continuum ; tout est relatif. Il prend les choses comme elles viennent et s'adapte aux situations telles qu'elles se présentent. Il fait plus frais aujourd'hui qu'hier. Peu importe ! Il risque de pleuvoir ce matin. Quelle importance ? Il remarquera que telle personne est plus grande ou plus riche que telle autre sans en inférer un jugement de valeur pour autant. Mon hémisphère droit nous considère tous comme membres à part égale de la grande famille humaine. Mon cerveau droit ne perçoit pas les différences de type ethnique ou de religion, ou du moins il ne s'y arrête pas.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37708
Mon hémorragie a été une bénédiction pour moi dans la mesure où elle m'a permis de « donner un coup de jeune » aux réseaux de neurones à l'origine de ma joie de vivre. Mon AVC m'a rendue libre d'explorer le monde qui m'entoure avec une curiosité enfantine. En l'absence de tout danger manifeste, je me sens en sécurité dans mon environnement et je sillonne la terre entière comme si je me promenais dans mon jardin. C'est mon hémisphère droit qui me souffle que nous formons ensemble la trame du canevas universel des potentialités de l'humanité, que la vie est belle et que tous les êtres qui peuplent notre planète sont merveilleux tels qu'ils sont. Mon cerveau droit a un tempérament aventureux, sociable et généreux. Il se montre réceptif à la communication non verbale et aux émotions de mes proches. Il déborde d'empathie. Il se met au diapason de mon entourage et me donne le sentiment de fusionner avec l'univers entier. C'est dans mon hémisphère droit que résident mes tendances mystiques, ma sagesse, mes facultés d'observation, d'intuition, de clairvoyance. Mon cerveau droit en perpétuel éveil se laisse happer par l'écoulement du temps.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37709
Mon hémisphère droit a pour tâche de renouveler mon point de vue sur les choses : il me permet de mettre à jour les « dossiers » de mon cerveau en rectifiant les informations dépassées. Petite fille, je ne prétendais pas avaler la moindre bouchée de potiron. Depuis, mon hémisphère droit m'a convaincue d'accorder une seconde chance au potiron et, aujourd'hui, j'en raffole. La plupart d'entre nous jugent en se plaçant du point de vue de leur hémisphère gauche sans nécessairement consentir à réviser leur opinion en « virant à droite » (c'est-à-dire en laissant parler leur hémisphère droit). Une fois qu'ils ont pris une décision, beaucoup d'entre nous s'y tiennent pour le restant de leurs jours. La plupart des hémisphères gauches dominants ne tiennent pas à partager l'espace limité qu'ils occupent à l'intérieur de notre crâne avec leur homologue droit beaucoup plus ouvert ! Mon cerveau droit se sent prêt à considérer n'importe quelle éventualité. Il ne permet pas aux conventions assimilées par mon hémisphère gauche de brider le flux de ma pensée. Mon cerveau droit ne répugne jamais à la nouveauté. Il témoigne d'une créativité admirable. Il sait que le chaos constitue la première étape nécessaire de tout processus d'invention. Il apprécie la capacité de mon organisme à se mouvoir avec fluidité dans son environnement. Il se montre attentif aux messages subtils que lui communiquent mes cellules, et qui se traduisent par ce que je nomme mon instinct. Il explore le monde par l'intermédiaire de mes cinq sens. Mon cerveau droit jouit d'une entière liberté. Il ne se laisse pas entraver par mon passé. Il ne craint pas l'avenir. Il savoure mon existence au quotidien. Il se félicite de sentir mon corps en bonne santé. Il ne se soucie pas seulement de moi mais de la vitalité de ceux qui m'entourent, de notre bien-être à tous au sein d'une même société, et de notre relation avec notre mère la terre.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37710
Non content d'échafauder des contes à dormir debout qu'il prenait ensuite pour argent comptant, mon cerveau gauche manifestait une fâcheuse tendance à la redondance, c'est-à-dire à ressasser sans arrêt les mêmes idées. Beaucoup d'entre nous voient leurs pensées s'enchaîner sans répit et se surprennent plus souvent qu'à leur tour à imaginer des scénarios catastrophe. Hélas ! notre société n'apprend pas aux enfants à « cultiver le jardin de leur esprit ». En l'absence d'autodiscipline, nos pensées se succèdent les unes aux autres par automatisme. Comme personne ne nous enseigne à contrôler ce qui se passe à l'intérieur de notre crâne, nous demeurons vulnérables à ce que les autres pensent de nous ainsi qu'à la publicité et aux tentatives de manipulation de l'opinion par les politiques.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37711
J'ai décidé de tirer une croix sur la partie de mon hémisphère gauche qui m'incitait à la mesquinerie, aux tracasseries incessantes et au dénigrement de moi-même et des autres. Entre nous, l'effet que produisait ce genre d'attitude sur mon organisme ne me plaisait pas du tout ! Mon cœur se serrait et ma tension artérielle grimpait en flèche au point que j'en attrapais mal au crâne. Mieux valait renoncer aux circuits neuronaux qui ravivaient en moi des souvenirs douloureux. La vie me paraît trop courte pour que je me soucie encore des souffrances qui appartiennent au passé. J'ai découvert au cours du long processus de ma guérison que la part têtue, arrogante, persifleuse et envieuse de ma personnalité résidait dans le centre du « moi » de mon hémisphère gauche meurtri (qui m'incitait en outre à me montrer mauvaise perdante, rancunière, à mentir et même à nourrir des désirs de vengeance). Mon cerveau droit ne souhaitait en aucun cas que de tels traits de caractère se manifestent à nouveau. Au final, je suis parvenue (non sans mal) à ressusciter le centre du « moi » de mon hémisphère gauche sans que les anciens circuits neuronaux qui me déplaisaient retrouvent pour autant voix au chapitre.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37712
Prenez-vous en main ! Je définirais la responsabilité comme la capacité de décider à tout moment de notre réaction aux stimuli que nous envoie notre environnement. Certains programmes de notre système limbique (à l'origine de nos émotions) se déclenchent par automatisme en libérant des substances chimiques qui se diffusent dans l'ensemble de notre organisme mais disparaissent en moins d'une minute et demie de notre circulation sanguine. Prenons l'exemple de la colère : il nous arrive de nous emporter comme par réflexe dans certaines circonstances. Des substances chimiques qui perturbent notre équilibre physiologique nous envahissent alors pendant une minute et demie. Elles se dissipent ensuite et notre réaction automatique n'a plus lieu d'être. En résumé : ma colère ne persiste plus d'une minute et demie que lorsque je laisse le circuit neuronal correspondant s'activer en boucle. Je n'en reste pas moins libre à tout moment d'attendre que ma réaction se dissipe en me concentrant sur l'instant présent plutôt que de me laisser happer par le fonctionnement répétitif de mes neurones.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37713
Rien ne m'a plus donné confiance en moi que de me découvrir enfin libre de ne plus ressasser des pensées génératrices de souffrance. Bien entendu, il n'y a aucun mal à songer à ce qui nous attriste à condition de ne pas perdre de vue la possibilité qui nous est sans cesse offerte de ne plus activer les circuits de neurones correspondants. Cela m'a libérée de savoir que rien ne m'empêchait de chasser mes pensées négatives quand j'en avais assez. Quelle délivrance de me convaincre qu'il ne dépendait que de moi de me laisser envahir par l'amour et la quiétude (de mon hémisphère droit), peu importe ce qui m'arrivait ! Il me suffisait de « virer à droite » en me focalisant sur l'instant présent. Je considère souvent mon entourage du point de vue exempt de tout jugement de mon hémisphère droit, ce qui me permet de conserver ma joie de vivre en échappant aux charges émotives trop fortes. Je reste en définitive la seule à décider de l'influence bonne ou mauvaise de tel incident sur mon humeur. Il n'y a pas très longtemps, je conduisais en chantant à tue-tête au son de l'un de mes disques préférés. À ma grande déconvenue, des policiers m'ont arrêtée pour excès de vitesse. (Il faut croire que mon enthousiasme dépassait les limites !) Depuis que j'ai dû régler la contravention, il m'a fallu me répéter une bonne centaine de fois au moins que je n'avais pas à me laisser abattre pour si peu. Une petite voix désapprobatrice n'arrêtait pas de s'élever en moi en cherchant à me saper le moral : elle voulait ressasser l'incident en long et en large alors que cela n'aurait rien changé ! Franchement, je considère ce genre de rumination de la part de mon hémisphère gauche comme une perte d'énergie épuisante sur le plan émotif. Depuis mon AVC, et, en somme, grâce à lui, j'ai appris à me prendre en main et à ne plus remâcher le passé en me concentrant au contraire sur le présent.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37714
Pour moi, cela va de soi de manifester de la sympathie aux autres : après tout, aucun de nous n'est venu au monde en possession d'un manuel lui expliquant l'art et la manière de se débrouiller dans la vie. Ne sommes-nous pas en dernière analyse le produit de notre héritage génétique autant que de notre environnement ? Quand je mesure la pesanteur du bagage émotionnel que nous sommes biologiquement programmés pour traîner après nous, j'aime autant témoigner de la compassion à mon entourage. J'admets tout à fait que l'erreur est humaine, ce qui ne signifie pas pour autant que je doive me poser en victime ou prendre contre moi les décisions des autres. Chacun sa croix ! Nous n'en gardons pas moins la possibilité d'atteindre la sérénité ou de témoigner de la gentillesse à autrui. Rien ne nous empêche de nous pardonner, à nous-même comme aux autres, d'ailleurs. Rien ne nous interdit non plus de considérer l'instant présent comme un pur moment de bonheur.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37715
Quand des réseaux de neurones que je ne parviens pas à contrôler prennent le dessus, j'attends une minute et demie que ma réaction émotive et physiologique se dissipe avant de m'adresser à mon cerveau sur le même ton qu'à une bande de gamins turbulents. Je lui dis, très sincèrement : « Je te suis reconnaissante de ta capacité à faire naître en moi des émotions mais celles que tu viens d'éveiller ne me disent rien qui vaille. Je te prie de passer à autre chose ! » Au fond, je demande à mon cerveau de ne plus stimuler les circuits de neurones à l'origine des pensées qui me perturbent. D'autres que moi s'y prennent autrement. Certains s'écrient tout bonnement : « Ça suffit ! Assez ! Tais-toi ! ».

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau (Essais et documents))


#37718
Mes protestations au nom de mon moi authentique ne suffisent pourtant pas toujours à en imposer à la petite voix intérieure de mon hémisphère gauche, qui ne fait en somme que son travail ! Celle-ci se montre plus réceptive au discours de mon hémisphère droit lorsque je prends un ton sincère venu du fond de mon cœur. Quand mon cerveau rechigne à m'obéir, j'agrémente mon message d'une composante kinesthésique : j'agite mon index ou je me plante les poings sur les hanches. Une mère qui réprimande son enfant redouble de persuasion en employant un ton courroucé qui lui permet de transmettre son message à différents niveaux de communication, verbale ou non.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37719
Je demeure persuadée que 99,99% des cellules de mon cerveau, et du reste de mon corps, désirent me voir heureuse et en bonne santé. La petite voix qui me raconte des contes ne semble hélas pas entièrement dévouée à mon bonheur : elle prend plaisir à remâcher des réflexions qui minent ma quiétude intérieure. J'ai donné un tas de noms d'oiseaux au groupe de cellules qui la commande. Une chose n'en reste pas moins certaine : elle ne manque pas de ressources quand il s'agit de me faire chuter le moral. C'est elle qui suscite en moi jalousie, peur et rage et qui exulte quand elle se plaint en gémissant à qui veut bien l'entendre que rien ne va comme il faudrait.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37720
Dans certains cas extrêmes où les cellules de ma petite voix intérieure (qui s'exprime au nom du centre du langage de mon hémisphère gauche) persistent à me faire la sourde oreille, je demande à mon moi authentique de leur imposer un emploi du temps strictement surveillé. J'autorise ma petite voix à geindre tout son soûl de 9 heures à 9 h 30 mais si, par malheur, elle laisse passer l'occasion de se plaindre, je ne lui permets pas pour autant de s'épancher avant notre prochain rendez-vous. Mon cerveau a tôt fait de comprendre que je ne plaisante pas en affirmant ne pas vouloir remâcher des pensées déplaisantes (du moins à condition que je prête une attention soutenue et permanente à ceux de mes neurones qui se connectent en boucle).

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37721
Il me semble vital pour notre santé mentale de surveiller notre petite voix intérieure. Nous accomplirons un premier pas vers la quiétude quand nous cesserons de tolérer en nous l'expression de critiques ou de reproches incessants. Cela m'a redonné confiance d'apprendre que la partie de mon cerveau qui me raconte des contes n'est pas plus grosse qu'une cacahuète !

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37722
Cela dit, je me trouve souvent bien obligée de subir les caprices de ma petite voix intérieure en réaction à mes directives. À l'instar de jeunes enfants, les cellules de mon hémisphère gauche remettent en cause l'autorité de mon moi profond en jetant le doute sur ma résolution. Quand je leur demande un peu de silence, elles se taisent un court instant avant de réactiver aussitôt ou presque les circuits de neurones défendus. Si je ne persiste pas dans mon désir de penser à autre chose en stimulant d'autres ensembles de cellules, celles que je ne veux pas voir prendre le dessus ne tardent pas à monopoliser de nouveau mon attention. J'en suis venue à dresser une liste d'expédients à même de les contrer : 1) Je me rappelle un sujet de réflexion fascinant sur lequel je prends plaisir à méditer, 2) je songe à quelque chose qui me rend follement heureuse ou 3) je pense à un projet qui me tient à cœur. Au pire, il me reste toujours la possibilité de me rabattre sur l'une de ces trois tactiques.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37723
Bien que je me félicite de la capacité de mon cerveau à éprouver une foule d'émotions diverses, je prends garde au temps qu'il consacre à l'activation de tel ou tel circuit de neurones. La manière la plus saine, à ma connaissance, de dépasser une émotion, consiste à y céder sans retenue quand celle-ci nous submerge. Lorsque je me trouve sous le coup d'une réaction automatique, je me résigne à voir le circuit neuronal correspondant s'activer pendant une minute et demie. Il me semble que l'on se guérit plus facilement de ses émotions à partir du moment où on les écoute et les accepte. L'intensité et la fréquence des plus pénibles tend à décroître au fil du temps. Les pensées influentes sont perçues comme telles dans la mesure où elles mettent en jeu une multitude de programmes émotifs et physiologiques. À l'inverse, les idées que nous qualifierions de neutres ne font appel qu'à des circuits peu élaborés. Garder en permanence un œil sur les neurones qui s'activent en nous éclairera d'un jour plus lumineux le câblage de notre cerveau, en nous permettant de cultiver plus harmonieusement le jardin de notre esprit.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37724
Je voue à mes cellules un amour inconditionnel. À tout moment de la journée, il m'arrive de les encourager avec chaleur. Ce sont elles qui me rendent capable de transmettre mon énergie à mon entourage. Quand mes intestins se vident, je leur sais gré de débarrasser mon organisme de ses déchets. Quand mon urine s'écoule, j'admire le volume de liquide que les cellules de ma vessie parviennent à emmagasiner. Quand je suis prise de fringale et que je n'ai rien à manger sous la main, je rappelle à mes cellules que je dispose de carburant sur mes hanches (sous forme de lipides). Quand je me sens menacée, je remercie mes cellules de m'inciter à prendre mes jambes à mon cou (ou adopter un profil bas en attendant de pouvoir riposter).

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37725
Si je me fie à mon expérience, la paix intérieure provient d'un circuit de neurones dans le cerveau droit qui, parce qu'ils ne se reposent jamais tout à fait, restent susceptibles de prendre le pas sur les autres à tout moment. Notre sentiment de quiétude s'ancre dans l'instant présent. Il ne nous vient pas d'un souvenir du passé ni d'une projection dans l'avenir. Pour atteindre la paix intérieure, il me semble impératif de se laisser absorber par l'ici et maintenant.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37726
Votre mère vous a sans doute interdit de jouer avec la nourriture quand vous étiez petit. Il me semble toutefois que, tant que vous ne vous amusez que dans l'intimité de votre salle à manger, il n'y a rien à y redire ! Une chose est sûre : se divertir avec le contenu de son assiette représente un excellent moyen d'évacuer le stress ou l'anxiété !

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37727
Bien entendu, le silence aussi peut s'avérer merveilleux. J'aime beaucoup plonger mes oreilles sous l'eau de mon bain en m'isolant ainsi des bruits extérieurs. Je prête alors attention au murmure de mon organisme et je loue mes cellules de leurs efforts incessants pour me maintenir en vie. Le moindre excès de stimuli auditifs me fatigue or il est de ma responsabilité de préserver mon cerveau de la surchauffe. Il m'arrive souvent de travailler ou de voyager avec des boules Quiès qui, plus d'une fois, m'ont évité de devenir folle !

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37728
Un autre expédient pour échapper à la rumination de notre hémisphère gauche consiste à le prier tout bonnement de chasser les pensées nocives qui nous perturbent. On ne saurait sous-estimer l'efficacité des incantations répétitives telles que les mantras (un terme qui signifie littéralement « lieu de repos de l'esprit »). Il me suffit de respirer à pleins poumons en répétant « Je déborde d'allégresse » ou « Je ne désire rien de plus que ce que je possède » ou encore « Je suis l'un des merveilleux enfants de notre mère la terre » pour basculer aussitôt dans la conscience de mon hémisphère droit.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37729
Tous les jours, je tire les cartes du « tarot des anges » (commercialisées sous le nom d'Angel Cards, www.innerlinks.com), afin de ne pas perdre de vue mes valeurs. Le matin, quand je me lève, j'invite un ange gardien à veiller sur moi en retournant l'une des cartes du jeu : un terme y figure, qui nourrira ma réflexion le restant de la journée. Si je me sens tendue ou que je dois passer un coup de fil important, je tire une nouvelle carte qui m'aide à me concentrer. Je cultive ma disponibilité d'esprit afin d'accueillir absolument tout ce que le monde extérieur peut m'apporter : les occasions qui s'offrent à moi quand je m'efforce de garder l'esprit le plus ouvert possible me réussissent en général. On trouve sur les cartes du « tarot des anges » des termes comme enthousiasme, abondance, connaissance, clarté, intégrité, jeu, liberté, responsabilité, harmonie, grâce ou encore naissance. Tirer les cartes du « tarot des anges », voilà en résumé l'un des moyens les plus simples et les plus efficaces à ma connaissance pour échapper aux jugements incessants de mon hémisphère gauche.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37730
S'il me fallait qualifier ce que je ressens au plus profond de mon hémisphère droit, j'emploierais le terme de « joie ». Mon hémisphère droit exulte à la seule idée d'être en vie ! Quel n'est pas mon émerveillement quand je songe qu'il est en mon pouvoir de fusionner avec le reste de l'univers en conservant par ailleurs une identité individuelle qui me permet d'évoluer dans le monde en le transformant selon ma volonté ! Si la notion même de joie vous paraît incongrue, rassurez-vous : les circuits de neurones à l'origine d'une telle émotion n'ont pas disparu de votre cerveau pour autant. La suractivité de vos cellules génératrices d'anxiété ou de crainte les inhibent tout simplement. Comme j'aimerais que vous puissiez à votre tour vous débarrasser de votre bagage émotionnel pour retrouver votre joie spontanée d'être au monde ! Le secret de la quiétude consiste à chasser les pensées angoissantes qui nous distraient de l'ici et maintenant et des messages que nous transmettent en permanence nos cinq sens. Notre désir de paix doit prendre le pas sur notre attachement à notre souffrance ou à notre ego ou encore sur notre envie de l'emporter à tout prix. Comme le dit cette petite phrase qui me plaît beaucoup : « Vaut-il mieux avoir raison ou être heureux ?

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37731
Il me semble que certains ne font pas le choix du bonheur en raison du sentiment de puissance que leur procurent des émotions aussi fortes que la colère ou la jalousie. J'en connais qui décident de temps à autre de se mettre en rogne dans la seule intention de se sentir à nouveau eux-mêmes.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37732
Il m'est aussi facile de stimuler le circuit neuronal de la joie que celui de la hargne. D'un point de vue biologique, mon hémisphère droit baigne en permanence dans la quiétude. Les cellules qui la suscitent en moi ne cessent jamais de s'activer, ce qui m'offre la possibilité de renouer à tout moment avec mon allégresse spontanée. Les neurones à l'origine de ma colère ne fonctionnent pas sans arrêt mais la moindre menace suffit hélas à les activer. Cependant, rien ne m'empêche de savourer ma joie de vivre, sitôt passée ma réaction physiologique initiale.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37733
J'aime définir la peur comme « une illusion trompeuse que nous avons le malheur de confondre avec la réalité ». Je n'oublie jamais que mes pensées ne naissent que de processus physiologiques transitoires. Que ma petite voix intérieure monte donc sur ses grands chevaux si le cœur lui en dit ! Je garde conscience de ne former qu'un avec le reste de l'univers. Aussi la notion même de peur ne signifie-t-elle plus grand-chose pour moi. Assumer la responsabilité des circuits de neurones que je mets en branle me met à l'abri de réactions colériques trop impétueuses ou trop promptes. Comme je ne tiens pas à prendre peur ou à me mettre en rage trop souvent, j'aime autant renoncer aux films d'épouvante ou me passer de la compagnie de personnes au caractère soupe au lait. Mon mode de vie façonne mon câblage neuronal au quotidien. Vu que j'aime me sentir le cœur en joie, je recherche plutôt la société de ceux qui apprécient à sa juste valeur ma joie de vivre.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37734
Je considère le jardin de mon esprit comme une parcelle sacrée de terrain cosmique que l'univers m'a confié pour que je l'entretienne d'un bout à l'autre de mon existence.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


#37735
Peu importe la parcelle de terre que m'a transmise mon hérédité ; à partir du moment où j'assume la responsabilité de son entretien, plus rien ne m'empêche de cultiver les réseaux que je souhaite voir fleurir, ni d'extirper les mauvaises herbes dont j'aime autant me passer. Bien qu'il vaille mieux arracher une plante quand elle entame à peine sa croissance, même la plus tenace des ronces finit par dépérir à partir du moment où elle n'est plus alimentée.

Jill Bolte Taylor
(Voyage au-delà de mon cerveau)


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Le contenu de cette page a été mis à jour pour la dernière fois le samedi 7 janvier 2023.
Il était alors 19:00:18 (Heure de Paris, France, planète Terre - Univers Connu).
mandarin : 你的预感 | français : Mon Ange | anglais : My angel | mandarin : 拉兰德 | espagnol : Una corazonada de ti | allemand : Neuigkeiten hinter der Scheibe. | anglais : To the wrath of the righteous | français : Une intuition de toi | français : Qui est Seth Messenger ? | mandarin : 正义的愤怒 | anglais : You would like to read more? | français : Mon nom est Pierre | français : Patience | anglais : A hunch of you | anglais : The Wait | allemand : Wer ist Seth Messenger? | allemand : Mein Engel | anglais : New beginning | allemand : Die Lande | espagnol : Mi nombre es Peter | allemand : Auf die Wut des Gerechten | espagnol : La Lande | français : Aux colères du juste | espagnol : ¿Quién es Seth Messenger? | anglais : My name is Pierre | mandarin : 来自玻璃后面的消息 | espagnol : Va a pasar cerca de ti. | français : Ca arrivera près de chez vous | espagnol : Nuevo comienzo | allemand : Neuer Anfang | anglais : Who is Seth Messenger? | mandarin : 耐心 | anglais : The Moor | allemand : Geduld | espagnol : Paciencia | anglais : It's going to happen near you | mandarin : 我的天使 | français : La Lande | espagnol : A la ira de los justos | mandarin : 我叫彼得 | espagnol : Noticias desde detrás del cristal | anglais : News from behind the glass | mandarin : 你想多读些吗? | allemand : Mein Name ist Pierre. | allemand : Möchten Sie mehr lesen? | français : Nouveau départ | espagnol : Mi ángel | français : Vous aimeriez en lire d'avantage ? | allemand : Es wird in Ihrer Nähe passieren. | mandarin : 赛斯信使是谁? | français : Des nouvelles de derrière la vitre | espagnol : ¿Le gustaría leer más? | allemand : Eine Ahnung von dir | mandarin : 它会发生在你附近。 | mandarin : 新开始 |
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